Le Prince à la tête de coton

Jacques ne pourrait pas vous écrire ce résumé. S’il le faisait, il commencerait par une citation de Jacques Tati. Puis, il se décrirait comme un jeune professeur retraité. La troisième phrase inverserait deux mots. La quatrième serait confuse, et la cinquième franchement illisible.

Jacques ne le sait pas encore, mais il est atteint d’une aphasie primaire progressive, maladie neurodégénérative rare, qui mène à une détérioration progressive de la connaissance des mots, de la syntaxe et de l’élocution. L’incapacité progressive de s’exprimer, et de comprendre.

Le langage fait-il d’un homme ce qu’il est ? Peut-on faire d’un père malade une figure paternelle ? Comment aimer sans mots ? Ces questions vont bouleverser le quotidien de Jacques et de sa famille, alors qu’elle se réorganise pour affronter la maladie.

Extrait du texte :

CHARLOTTE -
L’ambre jaune raconte la file indienne des pièces qui attendent l’éclairement.
Plainte silencieuse des maisons endeuillées;
Chant d’amour.

Du perron, je vois la silhouette investir son ombre,
Courbée sous le poids des souvenirs.
Aveugle à son auréole,
Elle préfère le miroir qui inverse à l’honneur qui décharne,
la grandeur du servage à la hauteur du Dieu,
Les interrupteurs cliquettent, l’un après l’autre, toujours deux fois.
La résistance bruisse.
Chant d’amour.

L’ambre jaune
Signe en morse le mot “Chrysalide”.
Foyer du foyer,
Veuve d’âme sans le deuil du corps.
Vitrail jaune ombrant ton chemin de croix et de verre,
Ni nostalgique résidente d’un musée,
Ni inquiète habituée des phares,
Tu es l’habitante ordinairement sublime
D’un chant d’amour.